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Débats majeurs et développements récents – Sénégal

L’année 2012 a été une année électorale au Sénégal avec l’organisation du scrutin présidentiel (février-mars) et des élections législatives (juillet). A l’issue de ces élections en général bien organisées et sanctionnées par les alternances à la tête de l’exécutif et au Parlement, des sujets continuent d’alimenter le débat en vue de perfectionner le système électoral sénégalais. Dans ces débats, on peut identifier certaines questions électorales majeures.

Meilleure utilisation des Technologies de l’information et de la communication (TIC) dans la remontée des résultats

Pour une remontée rapide des résultats et une proclamation des résultats provisoires des élections dans les heures qui suivent la fermeture des bureaux de vote, des organisations de la société civile sénégalaise invitent tous les acteurs du processus électoral, notamment le gouvernement, à mettre davantage à profit les technologies de l’information et de la communication. Pour les défenseurs de cette thèse, l’usage parfait des TIC participerait à accroitre la transparence, la crédibilité des élections et à éviter certaines tensions postélectorales. Rappelons que lors des élections nationales de 2012, les TIC ont commencé à être, de façon certes timide, mises à profit dans la remontée des résultats.

La mission d’alerte citoyenne de la société civile remise en cause

La neutralité et la crédibilité des acteurs de la société civile lors du processus électoral continuent de susciter beaucoup de controverses. Les organisations de la société civile ont joué un rôle majeur dans le processus électoral, plus particulièrement contre la candidature du Président sortant. Ces actions que la majorité présidentielle d’alors qualifiées de politiques s’inscrivaient, selon les organisations de la société civile, dans leur mission d’alerte et de veille citoyenne. Néanmoins à l’issue de l’alternance de 2012, de nombreux acteurs influents de la société civile sont passés de l’engagement citoyen à l’engagement politique en rejoignant le parti présidentiel à l’image de Abdou Latif Coulibaly et Abdou Aziz Diop. D’autres comme Penda Mbow et Alioune Tine sont nommés à de hautes responsabilités par le Président de la République. Ce glissement repose avec beaucoup d’acuité la question de la véritable motivation des actions de nombreux acteurs de la société civile durant la période électorale.

Pour la création d’une institution en charge de l’éducation civique

Au regard de l’importance du taux d’abstention et des bulletins nuls aux différentes élections en général, des acteurs du processus électoral et des analystes politiques posent le débat sur la création d’un département en charge spécifiquement de l’éducation civique et de l’information des électeurs. L’organe aura, entre autres, pour missions de sensibiliser les citoyens sur l’utilité du vote, l’inscription sur les listes électorales et le retrait des cartes d’électeurs et sur comment voter. A cette question électorale s’ajoute celle relative à la suppression des cartes d’électeurs au profit de la carte nationale d’identité pour s‘acquitter de son devoir civique, le vote.

Une reconsidération de la législation sur les médias

La question électorale relative à la dépénalisation des délits de presse (surtout en période électorale) comme suggéré par le projet de loi sur le Code de la presse, toujours en attente d’être adopté par l’Assemblée Nationale, fait toujours l’objet de controverse. L’actualisation de la législation sur les médias en période électorale est aussi débattue. Le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel n’a compétence en période électorale que sur les médias de l’audiovisuel et sur la presse écrite. Alors qu’avec le développement fulgurant de la presse en ligne, il urge d’élargir les prérogatives du CNRA afin qu’il puisse réguler celle-ci en période électorale.

Les controverses autour de la loi sur la parité

Quatre ans après sa mise en application, la loi du 28 mai 2010 instituant la parité absolue homme-femme révèle encore un certain nombre d’impairs et de controverses. Lors des élections locales du 29 juin 2014, certaines partis politiques sont confrontés à des difficultés énormes pour trouver des femmes candidates au moment de la confection des listes. A cela s’ajoute les controverses liées à l’application de la loi sur la parité dans certains foyers religieux. C’est le cas, par exemple, à Touba (le fief de la confrérie Mouride) où les autorités Khalifales ont refusé d’observer la parité légale sur la liste des 100 conseillers de cette commune à la candidature pour les élections locales. Contre toutes attentes et malgré les pressions des organisations de défenses des droits des femmes, l’autorité administrative n’a pas a pris l’option de déclarer non recevable une liste qui ne respecte pas la loi sur la parité.

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