Le Sénégal est un pays qui a une réelle culture électorale, car ayant commencé à voter bien avant son accession à la souveraineté internationale, plus précisément en 1848 lorsque les habitants de la ville de Saint-Louis et de l’île de Gorée ont acquis la citoyenneté française. En 1848, seuls les blancs et mulâtres avaient droit de vote. Ce privilège qui sera élargi en 1871 aux deux autres communes que furent Dakar et Rufisque avant d’être élargi, en 1946, à l’ensemble des citoyens sénégalais.
En dépit de cette forte expérience électorale, le Sénégal utilise encore, lors des consultations électorales, des bulletins de vote multiples. Il s’agit de plusieurs bulletins séparés pour chaque candidat. L’électeur met le bulletin de son candidat de choix dans une enveloppe qu’il glisse dans l’urne. Ces bulletins de vote multiples sont faits de manière intelligible dans le sens où elles sont de couleurs différentes. A priori même les électeurs les moins avertis sont dans les dispositions de s’acquitter convenablement de leur droit civique le jour du scrutin.
Néanmoins, les bulletins multiples sont susceptibles de contribuer au découragement des électeurs citoyens s’il y a une pléthore de candidatures. C’est l’exemple des élections législatives du 1er juillet 2012 où le taux de participation est de 36,67% soit le plus faible taux de participation de l’histoire électorale sénégalaise après les législatives du 3 juin 2007 (34,75%). Pour rendre intelligible ce phénomène, le facteur conjoncturel relatif au nombre considérable de listes de candidatures (24) est invoqué, c’est-à-dire le nombre de bulletin de vote que l’électeur doit choisir afin de pouvoir voter. Ce nombre important de listes de candidatures pouvant décourager l’électorat sénégalais est une première dans un scrutin au Sénégal.
L’adoption du bulletin unique (qui liste tous les candidats, le votant étant sensé cocher le nom ou le logos du candidat de son choix) dans le Code électoral vivement recommandé par la CENA suite aux élections locales de 2009 avait fortement divisé la classe politique sénégalaise. Pour l’opposition d’alors, majorité présidentielle aujourd’hui, l’adoption du bulletin unique va diminuer sensiblement le budget électoral, les risques de fraudes et accélérer le rythme du vote. Une position fortement divergente à celle de la coalition présidentielle de l’époque dirigée par le Parti Démocratique Sénégalais du président Abdoulaye Wade, pour qui le peuple sénégalais n’est pas encore prêt pour cette expérience de bulletin unique. Finalement, l’adoption du bulletin unique n’a pas été prise en compte par le nouveau Code électoral de janvier 2011 faisant de ce point l’unique pomme de discorde entre le pouvoir et l’opposition.
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